J. Brock (éd.) : Réception et créativité - Le cas Stendhal... PDF Imprimer
Écrit par Michel Arouimi   
Vendredi, 26 Octobre 2012 20:30

Julie Brock (éd.) Réception et créativité - Le cas de Stendhal dans la littérature japonaise moderne et contemporaineBerne, Peter Lang, 2011, 362p.

Le terme “outil”, si galvaudé, convient pourtant fort bien à ce volume concernant « Le cas de Stendhal dans la littérature japonaise moderne et contemporaine : Réception et créativité (Peter Lang, 2011, 362 p.) Ce volume, coordonné par Julie Brock, se donne comme la reproduction des trois sessions d’études (chacune présentée comme un « livre ») à l’Institut des Hautes Etudes de Kyôto, échelonnées entre 2009 et 2010. L’originalité de cette approche réside dans ses ambitions universalistes, quand l’impact de Stendhal dans la littérature et dans la critique japonaises, avec les problèmes que pose sa traduction au cours des décennies, apparaît comme un révélateur de l’essence de la littérature. L’ouvrage retrace en détail, 

en suivant la chronologie, ces journées d’études, elles-mêmes encadrées par des exposés de synthèse.

La reproduction d’une importante bibliographie concernant la présence de Stendhal au Japon, reprise par Julie Brock à Ôoka Shôhei, romancier et critique de Stendhal du XXème siècle, ajoute aux ressources de cet « outil » grâce auquel le lecteur peut revivre la diversité des échanges qui sont la matière de cet ouvrage. La construction de ce dernier mérite le symbole qui figure sur sa couverture : une superposition de sept grues dont les pattes et les becs se disposent en harmonie dans le cercle rayonnant qui s’enlève sur le rouge sombre de la couverture. Marc Mathieu Münch, dans la « postface » de la deuxième session, applique lui-même la métaphore de l’éventail à cette construction. On peut regretter l’écume attachée à cet « outil » par une profusion de détails relatifs au déroulement matériel de ces journées d’étude,  qui aurait convenu dans les comptes rendus d’un simple bulletin. Mais la cohérence de l’ensemble n’en souffre pas et le lecteur jouit en même temps de l’unité de l’ouvrage en triptyque et de la possibilité du survol, facilité par  les « synthèses » systématiques et par le récapitulatif des séances précédentes.

Tel qu’il est conçu, l’ouvrage restitue ingénument un esprit qui est celui des palais japonais et du décor à ras du sol de leurs nombreuses et petites pièces ; une diversité qui n’est pas éparpillement. La théorie de Marc Mathieu Münch, à qui la parole est donnée dans plusieurs sections de cet ouvrage, participe à la manière d’un fanal à l’unité de ces « journées ». Est-ce un hasard, la répartition ethnologique des rédacteurs de ce volume : huit Japonais et autant de francophones, évoque des mesures qui, ai-je montré ailleurs, sont celles qu’affectionnent la pensée et la plume même de Münch. J’y vois au moins une marque de la volonté d’équilibre qui préside à la constitution de cet ouvrage, et en inspire l’éthique.

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Les perspectives découvertes par Münch, elles-mêmes objet d’une synthèse sous la plume de Jean Ehret dans la session inaugurale (« L’effet Stendhal au Japon »),  se rapprochent à certains égards de la pensée orientale, ou japonaise. Je ne m’étendrai pas sur ce point qui n’est pas abordé dans cet ouvrage, sinon fortuitement, dans la mention reprise à Münch par Jean Ehret du « centre inaccessible » où se rejoignent les « expressions littéraires culturelles », un centre masqué par les différences culturelles apparentes. Surtout en Occident, si la conception japonaise du sujet diffère du « moi » invariable qui nous est coutumière. C’est pourquoi les traducteurs japonais de Stendhal s’emploient à adapter le texte original à l’écoute de leurs contemporains.

Le projet de reprendre les grandes lignes de la théorie de Münch pour filer les « différentes approches » du cas de Stendhal dans la littérature japonaise est au plus haut point stimulant. L’attente du lecteur n’est pas déçue, mais le cœur du problème : la rencontre de deux visions du monde autour de la réception de Stendhal, avec la reconnaissance intuitive d’une affinité, si peu évidente entre les deux cultures, ce cœur est peut-être moins saisi que recherché, dans une approche variée par le point de vue des communicants. On peut néanmoins se satisfaire des fondations qui sont creusées dans ce premier volume, que complèteront de futures journées, riches de cet acquis.

L’unité occulte des deux cultures est déjà suggérée par une sorte de paradoxe,  intéressant la différence qualitative entre les exposés des communicants japonais, écrivains et traducteurs, et ceux des chercheurs occidentaux. La pudeur spirituelle, que notre imagination attache au peuple nippon, caractérise les interventions des francophones dans la première session, tandis que leurs collègues japonais expriment sans ambages la singularité de leur individu. Cette transparence de l’être, qui comporte des nuances, aurait-elle plu à Stendhal ? Quoi qu’il en soit, Philippe Berthier a le mérite de formuler la question essentielle : « y aurait-il dans la “nipponitude” quelque chose qui serait en correspondance avec les valeurs fondatrices du beylisme ? »

Julie Brock, dans son « Aperçu thématique de la réception de Stendhal… »,  tient un discours très réservé, attaché à la factualité des travaux qu’elle évoque. Pourtant sa « réelle sensibilité », soulignée dans une note par Jean Ehret (une sensibilité qui m’a moi-même frappé en l’écoutant lors d’une journée réservée à l’ « effet de vie ») revêt toute son évidence dans son « commentaire sur la première journée » de la deuxième session, où elle recreuse la question du lien des sensibilités nippone et occidentale, en revenant sur les interventions de deux stendhaliens japonais.

Encore dans la première session, les arguments fournis à propos de la réception (dans toutes ses formes) de Stendhal au Japon ont un intérêt qui dépasse le cadre même de cette réception. L’ « unité de l’espèce humaine », qui est le moyeu des visées de la pensée de Münch, est rendue manifeste par l’adhésion des sensibilités japonaises aux aspects contradictoires et/ou violents d’un Julien Sorel égocentrique. J’observerai que le succès du Rouge et le Noir, et peut-être sa concurrence éditoriale avec La chartreuse de Parme, évoquée dans cette session, serait dû à la coïncidence fortuite entre la symbolique du premier titre (une expression chromatique de la dualité) et les fondements de l’esthétique japonaise qui, dans ses aspects profanes ou transcendantaux, peut apparaître à nos regards modernes comme une gestion préventive de la dualité. Les propos de Nozaki Kan, traducteur du Rouge et le Noir, m’autorisent ces remarques. Nul doute que la théorie de l’effet de vie puisse nous aider à comprendre, au moins en les cernant, les enjeux de l’émotion des lecteurs, pas seulement japonais, de Stendhal. Mais la mise en avant de « l’effet de vie » par ce traducteur se limite à l’adaptation du style de Stendhal aux esprits japonais. La question de l’un des assistants, rapportée par Julie Brock dans sa synthèse de cette session inaugurale : « L’effet de vie se produit-il d’une sorte de catharsis ? » implique un enjeu plus profond de l’affinité des Japonais avec le vocabulaire (symbolique) de Stendhal.

J’ajouterai à cette question l’idée que cette catharsis, dans le cas de Stendhal, implique la capacité de révélation inhérente à la « vérité romanesque » dont parle René Girard, justement dans son commentaire de Stendhal, connu au Japon. Quoi qu’il en soit,  les arguments qui pourraient nourrir cette question sont éclipsés par des considérations relatives aux problèmes les plus immédiats de l’écriture de Stendhal, révélés notamment dans la restitution du genre par le traducteur. Malgré sa présence effective et spirituelle, la personnalité de Münch guide moins la pensée de certains intervenants que les modes critiques (gender studies, réception au sens littéral). Sans doute faudrait-il s’affranchir de ces dernières pour assumer les ambitions münchéennes de cet ouvrage. Le ralliement des sensibilités peut se faire ailleurs que dans ces modes. Heureusement, ces dernières perdent leur agressivité dans cet ouvrage, où elles se justifient comme un simple moyen de cerner ce qui les dépasse.

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Après les visées « générales » de la première session, la deuxième implique des aspects plus spécifiques de la réception de Stendhal. Un Julien Sorel samouraï : c’est d’abord l’idée de Philippe Berthier ;  « Pourquoi pas ? » se demande Béatrice Didier à propos d’une communication de Nishikawa Nagao, avec laquelle s’ouvre la « première journée » de la deuxième session (Livre II). Cette ouverture d’esprit de la très académique Béatrice Didier emporte l’adhésion. Même si sous sa plume, l’ « effet de vie », trop rapidement évoqué, perd un peu de ses couleurs au contact de l’idée de la transmission du savoir. Le samouraï, et jusque dans la session suivante, s’impose comme une figure majeure pour analyser les raisons de l’engouement des Japonais pour Stendhal. Plus loin, l’intérêt de François Vanoosthuyse pour la féminisation de la critique (surtout française) de Stendhal, est motivé par l’idée de la polyvalence sémantique des grandes œuvres, retravaillées du regard par le lecteur co-créateur. L’imaginaire viril de Stendhal se nuancerait par des valeurs plus douces, décryptées par les critiques du beau sexe.

Cette méfiance de Vanoosthuyse pour la suprématie du pouvoir masculin s’accorde à sa critique de l’aura du « surhomme » dans les Orages d’acier de Ernst Jünger, à qui Vanoosthuyse a consacré une monographie. Mais Vanoosthuyse n’est pas sensible à l’ambiguïté des figures masculines de ce fameux récit de guerre ; et la figure du « surhomme », mentionné dans d’autres contributions de l’ouvrage de Julie Brock, aurait joué un rôle dans la réception de Stendhal au Japon.

Le témoignage de Nishikawa Nagao, stendhalien chevronné, et celui de Nakagawa Hisayasu, se caractérise par une dimension autobiographique qui peut surprendre les critiques occidentaux contemporains. Cette mise en avant du « moi » a des motivations dont le commentaire de Julie Brock précise bientôt le sens. Comme si l’exhibition du sujet s’harmonisait, à la manière d’une métaphore, avec le « frisson » provoqué sur les sujets japonais par la lecture (ou l’étude) de Stendhal. Avec leurs objets historiques, les colères et les tensions « volcaniques » intéressant le vécu personnel de ces stendhaliens japonais, trouvent une sorte de « catharsis » dans leur fréquentation de Stendhal.

On sourit d’un Julien Sorel « vers à soie », tombé de son murier. Mais c’est dans ces pages, et surtout dans leur commentaire par Julie Brock, que l’impact de la décapitation de Julien dans l’esprit des lecteurs japonais est mis en rapport avec l’effet de vie. Si le plus fameux de ces critiques (Ôoka Shôhei) tend à « avertir le lecteur du leurre de la littérature », le mot « violence », dans la suite de cette même phrase de Julie Brock, m’évoque l’interprétation girardienne de la leçon de Stendhal (dans Mensonge romantique et vérité romanesque). Julie Brock ne mentionne pas le nom de l’auteur de La violence et le sacré ; mais la piste se confirme où pourraient se rejoindre, en s’emboitant, la vision de Girard et celle de Münch, à laquelle fait honneur la suite du commentaire de Julie Brock. Or, le mimétisme inspiré par le « leurre » romantique ne se confond pas avec l’effet de vie auquel Ôoka, lecteur de Stendhal, devrait son talent romanesque...

Vanoosthuyse cite une allusion de Stendhal aux marquises qui imitent leurs femmes de chambre. Il serait intéressant d’étudier, dans l’optique de René Girard, la réflexion de Stendhal sur le mimétisme. Julie Brock, dans la même session, consacre des pages exquises à la Princesse de Clèves, modèle fameux de l’art de Stendhal. La mention des « relations triangulaires » est associée à Denis de Rougemont. Mais l’ellipse de Girard est rachetée par une estimation psychologique extrêmement fine de la conduite de la Princesse, modèle spirituel de Julie qui, ingénument, suggère les limites de la théorie de la « double sollicitation contradictoire », à l’intérieur même du non dit concernant, me semble-t-il, la théorie du désir triangulaire de Girard. Et Julie Brock termine en évoquant un aspect inédit et vécu par elle-même de l’effet de vie, intéressant le renouvellement du désir du lecteur au contact des traductions.)

 Les coups de griffe de Vanoosthyuse à l’ « esprit de système » (dans une note) et à la « critique mimétique » sont rendus problématiques par le système des gender studies, étroitement suivi dans son analyse : une forme de mimétisme universitaire, auquel il manque la dimension spirituelle dont il proclame le caractère démodé à la fin de son intervention. Les « failles personnelles » du créateur et celles du « système beyliste » me paraissent moins mériter ce nom que le vidage spirituel des œuvres, dont les gender studies sont un moyen parmi d’autres : une forme limite de la « déconstruction » à laquelle s’en prend pourtant cet auteur. Déclarées ou pas, les déconstructions en tout genre (si je peux me permettre ce jeu de mots) ont pour conséquence un gommage du sens « bouddhique » du sacrifice de Mathilde et d’abord celui de son amant, ressenti par les stendhaliens japonais dont Julie Brock analyse les travaux. Cette interprétation ou cette compréhension nous amène à un niveau de réflexion supérieur, qui implique la réceptivité de la psyché de tout lecteur de Stendhal.

 

Plus subtil, l’angle d’attaque d'Iwamoto Kazuko. Après un survol érudit, cet auteur restitue le point de vue de Stendhal sur la différence des genres, révélé dans ses lettres à sa sœur Pauline : un destinataire quasi « virtuel » pour celui qui « s’adresse en fait à lui-même », non sans préparer dans ces lettres le matériau de son œuvre. L’idée, dans une brève note, que Pauline imite l’écriture de son frère, pique l’intérêt. Ces pensées sont celles d’un traducteur de Stendhal, qui expose ses difficultés à rendre le ton de Pauline, qui ne « répond pas au code japonais de la correspondance féminine en langage poli ». Après cet affinement du champ de vision sur le problème de la réception, la « synthèse » d’Eric Avocat s’engage dans une perspective historiciste et pénétrante, dans laquelle est ressaisi avec maestria le mystère de l’impact du mythe Julien Sorel, incarnation des contradictions qui habitent l’être même de Stendhal. Et comme souvent, l’argument s’achemine vers une évocation (ici implicite) de l’effet de vie, sous l’angle particulier de la traduction. La « postface » qui clôture cette session est justement signée par Münch, figure majeure de l’ « éventail » dont il admire le jeu qu’en fait Julie Brock, à laquelle on doit l’imbrication de ces propos, si variés et si unis.

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La troisième session concerne le grand stendhalien Ôoka Shôhei (1909-1988). Cette session est d’ailleurs préfacée par Gérard Siary, qui ne rejoint l’ « effet de vie » que pour en évoquer les « écueils », inhérents à l’ignorance, chez le lecteur français, du contexte nippon de l’œuvre d’Ôoka. Les articles rassemblés dans cette session sont guidés par le désir de sonder le mystère de l’inspiration de ce romancier et critique, un mystère qui devrait autant au contexte agité des événements historiques qu’à sa fréquentation de Stendhal. L’évocation de la carrière d’Ôoka par son éditeur et ami Hoshino Kôichiro est d’ailleurs appréciée par Julie Brock et par Gérard Siary pour un « effet de vie » restituant une époque animée par des préoccupations politiques, elles-mêmes analogues à celles que décrit Stendhal dans des œuvres dont l’effet de vie sur Ôoka aurait joué un rôle inspirateur dans sa propre carrière de romancier. D’autres communications, comme celle de Sakurai Hitoshi, s’attachent au contexte historique de la carrière d'Ôoka, tandis que Julie Brock dresse le tableau de l’évolution de la réception d’un   de ses romans, paru en 1951 : Les Feux. Une liste justifiée de travaux critiques concernant ce roman est dressée en annexe de cette analyse, attentive aux mutations idéologiques, extérieures à ce roman, dont témoignent ces travaux.

Des thèmes clés de l’univers romanesque d’Ôoka sont soulignés ; plutôt que l’amour, étudié par Hanazaki Ikuyo dans une perspective comparatiste où les noms de Stendhal et André le Chapelain sont associés à celui d’Ôoka (traducteur du scénario de « L’Eternel retour » de Jean Cocteau !), je retiendrai le thème du destin, lié à celui du hasard, auquel s’attache Sekizuka Makoto. La tentation du suicide, éprouvée par Stendhal, et surmontée par sa « curiosité » politique, a frappé l’imagination du critique Ôoka. Plus tard, lui-même a partagé cette angoisse, si l’on en croit son témoignage autobiographique Journal d’un prisonnier de guerre, paru après la fin de la Seconde Guerre mondiale. On ne soulignera jamais assez l’intérêt de ce phénomène, cet effet de vie dont d’autres poètes, comme Henri Bosco ou Victor Hugo dans certains passages de L’Homme qui rit, ont eu l’intuition. Comme si certaines œuvres avaient un pouvoir d’anticipation plutôt que d’influence sur notre vécu…

Ce pouvoir, effet de vie oblige, serait dû au travail de l’écriture. Or, ces pages de Sekizuka Makoto sont précédées (je n’affirme pas qu’il s’agisse d’un signe !) par celles que Michel de Boissieu consacre aux qualités de l’écriture d’Ôoka, mises en rapport avec sa vision de l’art littéraire, formulée dans un essai critique qui ne concerne pas que Stendhal.

Le mot devrait son efficience à son adéquation rigoureuse avec la chose désignée. Ce point de vue un peu sec entraîne le rejet, stendhalien si l’on veut, des métaphores qui ne parviennent pas à tenter la plume d’Ôoka. A moins qu’elles ne trouvent une motivation dans leur pouvoir révélateur à l’égard du vécu : comme dans le fameux Journal d’un prisonnier, où l’eau « mordue » par la quille d’un bateau sur lequel le prisonnier « remâche » son espoir, exprime une faim bien concrète. Sans constituer un écart avec l’éthique poétique de Stendhal, ces métaphores mesurent l’espace qui séparent deux visions de l’art et du monde et restent une manifestation, dans le verbe si vivant de cet écrivain japonais, de « l’effet Stendhal ».

 

On m’excusera de n’avoir pas tout dit du contenu foisonnant de cet ouvrage, balisé par des introductions en chicane et par des synthèses qui, mises bout à bout, pourraient tenir lieu de compte-rendu. (C’est pourquoi je me suis autorisé une liberté de regard qui, je l’espère, ne trahit pas ce contenu.) De même pour les résumés des communications, qui figurent avant la « présentation des auteurs et des intervenants ». La variété du contenu des trois sessions, chacune de deux journées, justifie leur séparation. Il n’est pas sûr que la profusion des textes adventices facilite la lecture. Mais, quelle que soit leur justification, ils incitent le lecteur à manipuler l’ouvrage, en s’interrogeant par exemple sur les différences entre l’ordre de la table des matières et celui de la présentation des articles, dans l’introduction des sessions. Un « éventail » en action, qui entretient la vie de nos esprits. Dans la « session inaugurale », une remarque rapide de Nozaki Kan sur la « disparition des facultés de lettres » au Japon peut d’ailleurs justifier cet effet d’éventail. Quand s’instruire devient un jeu, de la main et des yeux, qui pourrait éviter cette « disparition ».

Michel Arouimi